Le monde est plein de prédateurs,
or, malgré mes nombreux voyages,
je n’en connais pas de plus fourbe,
et de plus retors que l’humain.
Il vous découpe une cervelle
rien qu’en vous fixant droit dans l’œil,
et voit passer une escalope
dès qu’il lève le nez au ciel.
Il vous fabrique une œuvre d’art
avec des morceaux de cadavres
récupérés sur vos parents,
ou avec de tièdes organes
palpitant de leur dernier souffle.
Mais cet animal sans âme
ne s’en tiendra, pourtant, pas là.
Il lui faudra, par son cynisme,
aller jusqu’au bout de l’horreur,
en donnant des noms à vos restes,
de petits noms tout gentillets,
comme on en donne à sa moitié,
quand on la couche dans le foin.
L’homme est capable, sans regret,
de vous mettre la mort en sauce,
pour se rendre compte à la fin,
que c’est la sienne justement
qu’il accommode au poivre vert
Puisqu’à un âge d’étalon
il va tomber, sans crier gare
s’effondrer parmi les hors d’œuvres
et en oublier le dessert!
Car le paradoxe du corps
veut qu’il s’empoisonne, souvent
avec ce qui le tient en vie…